Macky Sall, ancien président de la République, revient sur le devant de la scène politique. Critiqué par l’actuel Premier ministre et leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, qui évoque un « carnage financier », Macky Sall se prépare à diriger la liste de sa coalition. La question se pose : pourquoi cet ancien chef d’État souhaite-t-il retourner en politique seulement huit mois après avoir quitté le pouvoir ?
Dans une lettre adressée à ses soutiens, Macky Sall a officialisé sa décision de quitter son rôle d’Envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète, un poste qu’il occupait depuis l’élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Il affirme vouloir éviter un « conflit d’intérêts » en abandonnant cette mission. Toutefois, ce retour soulève des interrogations, notamment sur le timing et les raisons réelles de ce retour précipité.
L’une des hypothèses avancées est que Macky Sall chercherait à régler le contentieux l’opposant à Amadou Ba, son ancien Premier ministre et candidat de Benno Bokk Yaakaar à la dernière présidentielle. Ba n’a pas reçu le soutien espéré de Macky Sall, ce qui a soulevé des doutes sur l’implication de l’ancien président dans sa campagne. Certains se demandent si Macky Sall aurait volontairement fragilisé la candidature d’Amadou Ba pour préparer son propre retour sur la scène politique.
Ce retour n’est pas une première dans l’histoire politique du Sénégal. Abdoulaye Wade, prédécesseur de Macky Sall, avait également tenté un retour après avoir quitté la présidence, réussissant à décrocher une vingtaine de sièges au parlement. Cependant, Macky Sall semble viser plus haut. Avant la dissolution de l’Assemblée nationale, sa coalition disposait de 82 députés, et il ne semble pas prêt à se contenter de moins.
Le retour de Macky Sall intervient dans un contexte marqué par les accusations de « carnage financier » portées par Ousmane Sonko et la perspective de poursuites judiciaires. En tant qu’ancien chef d’État, Macky Sall ne peut être jugé que par la Haute cour de justice, une instance que seule la future Assemblée nationale pourra installer. Le contrôle de l’Assemblée pourrait ainsi devenir une forme de protection pour Macky Sall face aux possibles poursuites.
Mais l’enjeu va bien au-delà de la simple protection judiciaire. Contrôler la Chambre pourrait être pour Macky Sall un tremplin vers une éventuelle candidature à la présidentielle de 2029. Désavouer le duo Sonko-Diomaye, huit mois seulement après leur prise de pouvoir, serait une victoire politique majeure. Toutefois, avant de penser à 2029, Macky Sall devra d’abord résoudre son différend avec Amadou Ba, dont la candidature à la dernière présidentielle a recueilli 35% des suffrages.
La question du poids électoral de Macky Sall sera au centre des débats. Un éventuel duel entre Macky Sall et Ousmane Sonko, avec cette fois Sonko en position de force, pourrait redessiner le paysage politique sénégalais. Macky Sall pourra-t-il s’appuyer sur une intercoalition pour rivaliser face à la puissance du pouvoir en place ? Les prochains mois seront décisifs.