À Rufisque, la tension monte. Les cœurs des travailleurs municipaux battent au rythme de l’injustice qui les écrase. Hier, une colère sourde a éclaté en pleine rue, transformant l’ordinaire devanture de la mairie en théâtre de revendications. Ces hommes et femmes, abandonnés à leur sort, dénoncent une humiliation persistante : le retard des salaires, un problème qui gangrène leur dignité et celle de leurs familles.
Depuis le début de l’année, les employés des quatre mairies de Rufisque – Ville, Est, Nord et Ouest – vivent une angoisse insoutenable. Le 22 du mois est passé, mais leurs comptes bancaires restent désespérément vides. Leur cible ? Un système qu’ils jugent défaillant : le Gfiloc, cet outil censé moderniser la gestion financière des collectivités territoriales. Mais pour eux, il est synonyme de chaos.
« Nous sommes les parents pauvres de la fonction publique locale ! L’État n’oserait jamais infliger un tel sort aux enseignants ou aux médecins », s’indigne Fatou Thioune, porte-voix des travailleurs en détresse.
Les témoignages s’enchaînent, peignant un tableau sombre où chaque mot est une lame aiguisée. « Depuis un an, pas un seul bulletin de salaire. Aujourd’hui, c’est le 22, et nous n’avons toujours rien. Les obligations familiales nous étouffent. Comment payer les écoles ? Les loyers ? » s’émeut Djadji Ndiaye.
Pour certains, le délai dépasse l’intolérable. « Le salaire, c’est sacré ! Après le 8 du mois, tout bascule. Des enfants renvoyés des écoles, des disputes avec des bailleurs. Nous vivons un cauchemar quotidien », ajoute Thierno Sall.
Hier, dans une ambiance lourde de colère et de frustration, les travailleurs, brassards rouges en signe de lutte, ont occupé l’espace public sous le regard vigilant des forces de l’ordre. Ce n’était qu’un avant-goût de ce qui se prépare. « Aujourd’hui, c’est un avertissement. Si rien ne change, nous irons jusqu’à Dakar pour un sit-in national », prévient M. Ndiaye.
Un an après une crise similaire, rien ne semble avoir changé. Le Gfiloc, symbole de leur désespoir, reste au cœur de la discorde. Mais cette fois, Rufisque veut se faire entendre, coûte que coûte.