Le camp du pouvoir et celui de l’opposition poursuivent leur «Mortal Kombat». Après avoir rejeté le projet du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye portant suppression du Cese et du Hcct, les députés de la majorité ont introduit hier une motion de censure pour faire tomber le gouvernement du Pm Ousmane Sonko. Alors que le régime en place cherche à en finir avec l’opposition par une dissolution de l’Assemblée nationale.Par Amadou MBODJI –
Comme promis, les députés des Benno bokk yaakaar (Bby) sont passés à l’acte en déposant hier une motion de censure sur la table du président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, a-t-on appris. Prenant la parole lors de la plénière d’avant-hier, Abdou Mbow, président du Groupe parlementaire Bby, avait annoncé que dès ce mardi, la motion sera déposée pour faire tomber le gouvernement de Ousmane Sonko. La dissolution du Parlement pourrait intervenir à partir du 12 septembre prochain, raison pour laquelle, dit-on, Benno bokk yaakaar (Bby) veut inscrire ce dossier en procédure d’urgence en vue d’en tirer un gain politique. Alors qu’en cas de vote de la motion de censure, le Président Faye pourrait reconduire le gouvernement à la minute qui suit. Cet acte que viennent de poser les députés de la majorité témoigne d’un duel âpre que les deux camps politiques -pouvoir et opposition- se livrent.
Chacune des deux parties n’entend pas faire de cadeau à l’autre. Si du côté du pouvoir on cherche à parachever la victoire du 24 mars dernier à l’élection présidentielle en tentant d’avoir la mainmise sur l’Assemblée nationale, l’opposition cherche à faire de la résistance contre le pouvoir, qui chercherait à «réduire cette» opposition «à sa plus simple expression», comme pour emprunter cette expression à l’ancien Président Macky Sall.
Après avoir trouvé un terreau fertile au plus profond de la crise politique, théorisé qu’il a été par les tenants du pouvoir en réaction à «l’injustice» dont, disent-ils, ils faisaient l’objet de la part du régime sortant qui avait engagé le «bras de fer» avec le Pm Ousmane Sonko, le «Gatsa-Gatsa» a repris son envol, à cause de cette rivalité que continuent d’entretenir les deux camps. Une rivalité ravivée par le rejet par l’opposition du projet de loi du Président Bassirou Diomaye Faye relatif à la suppression de deux institutions, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) et le Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct), jugées budgétivores par les tenants du pouvoir. Ayant besoin de 99 des voix seulement pour faire valider le texte du chef de l’Etat, les députés du pouvoir n’ont pu obtenir que 80 voix contre 83 pour l’opposition parlementaire. Cette dernière a voté contre la suppression de ces deux institutions en trouvant une «incohérence» dans la démarche du pouvoir exécutif à qui l’opposition reproche de «manquer d’élégance républicaine» en ne privilégiant pas le dialogue au préalable, comme a eu à le faire dans le passé l’ancien Président sortant Macky Sall avant de supprimer le Sénat.
Rappelant que le dialogue est inscrit au cœur du système démocratique, les parlementaires qui ont rejeté ce projet de loi, ont rappelé que le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, a appris, au même moment que les députés, la réforme sur les réseaux sociaux, à travers le communiqué de la présidence de la République en date du jeudi 26 août 2024. Sous ce rapport, ils ont fait remarquer que le projet de loi devait être précédé par la tenue de la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre, pour décliner les grandes orientations politiques du nouveau gouvernement. En lieu et place, il est proposé la suppression du Hcct et du Cese, deux institutions majeures qui jouent un rôle important dans la vie socio-économique du Sénégal.
Les deux camps ne se piffent pas. Le retard mis par le Pm Ousmane Sonko pour venir tenir sa Déclaration de politique générale (Dpg), après que l’Assemblée nationale s’est pliée à son exigence en «mettant à jour» le Règlement intérieur de l’Hémicycle, n’a pas été du goût des députés de l’opposition. Ces derniers trouvent à travers le refus du Pm, «une défiance et un manque de respect» à leur égard de la part du Pouvoir exécutif à qui ils reprochent de n’avoir rien fait pour obliger le Pm à venir se présenter devant eux.
Auparavant, Cheikh Diba, ministre des Finances et du budget, et ses collaborateurs avaient quitté l’Assemblée nationale sans pouvoir tenir le Débat d’orientation budgétaire (Dob), du fait que les députés de l’opposition avaient voté son annulation. Ceci témoigne des tensions qui existent, ces dernières années, entre ces deux camps qui ont du mal à accorder leurs violons. Le camp de l’opposition n’a pas voulu faciliter les choses au camp présidentiel qui cherche coûte que coûte à avoir les coudées franches afin de mener à bien sa politique.
Après avoir vendu «le Projet» aux électeurs, ces derniers sont dans l’attente de voir ce Projet être déroulé.
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