Le Tribunal de grande instance de Saint-Louis a prononcé des peines diverses à l’encontre de 24 des 81 personnes jugées le 2 décembre dernier. Le juge a relaxé 12 prévenus et a condamné à des peines assorties du sursis pour le reste du groupe, composé en majorité des éléments de la sécurité de l’intercoalition «Takku Wallu/Samm sa kaddu». La défense a décidé d’interjeter appel de cette décision de justice.
Par Cheikh NDIONGUE (Correspondant) – L’affaire des 81 personnes membres de la sécurité des coalitions «Takku-Wallu» et «Samm sa kaddu», arrêtées par la Bip suite à l’attaque contre les marchands tabliers et les commerces au marché de Sor de Saint-Louis pendant la campagne électorale, a connu son épilogue hier à Saint-Louis. 24 prévenus ont été condamnés à des peines d’emprisonnement ferme dont 3 mois à 3 ans, 12 ont été relaxés et les autres ont écopé de peines assorties de sursis. Lors du procès, qui s’est tenu au mois de décembre dernier, le procureur de la Républi-que avait requis 5 ans de prison ferme contre 23 des prévenus dont certains ont été formellement identifiés par les plaignants et 2 ans ferme pour 8. Le parquetier avait demandé la requalification des faits et même la relaxe pure et simple pour les autres dont la culpabilité n’avait pas été prouvée.
Le Tribunal a toutefois eu «la main plus lourde» pour 3 des prévenus qui ont été condamnés à 3 ans de prison ferme, 4 à 2 ans dont 6 mois de prison ferme, 19 à 3 mois de prison ferme, 8 à 6 mois assortis de sursis et 35 à 3 mois assortis de sursis.
Par ailleurs, 12 prévenus ont été purement et simplement relaxés de tous les faits qui leur étaient reprochés. Ce qui porte le nombre de prévenus libres à 55 au total. L’extinction de l’action publique a été également prononcée pour Bassirou Diop, pour cause de décès. Ce dernier ayant perdu la vie pendant son séjour carcéral. En outre, le Tribunal a octroyé aux parties civiles des dommages et intérêts compris entre 60 et 500 mille francs à 7 d’entre elles. Les autres ayant été déboutées, leurs demandes sont mal fondées, selon le Tribunal, qui a aussi ordonné l’exécution provisoire de la décision.
L’affaire pourrait, cependant, connaître d’autres développements. Car, l’un des avocats de la défense, Me El Hadji Diouf, a annoncé la décision de la défense de faire appel devant les juridictions d’appel. Pour lui, la procédure a été surtout viciée par le fait que certains prévenus n’avaient pas bénéficié de l’assistance d’un avocat de la défense au moment de leur interrogatoire.
Me El Hadji Diouf a, dans la foulée, exigé une enquête impartiale pour élucider les circonstances entourant la mort de son client Bassirou Diop qu’il qualifie de troublantes. Pour lui, l’arrestation brutale de Bassirou Diop, suivie d’une détention prolongée malgré son jugement, constitue une atteinte grave à ses droits fondamentaux. «Nous déplorons profondément cette tragédie et appelons les instances internationales ainsi que les organisations de défense des droits de l’Homme à exiger une enquête neutre et impartiale», a déclaré devant la presse le célèbre avocat, qui a expliqué que le certificat de genre de mort fait état de contusions au niveau de la tempe droite de Bassirou Diop, alors que la mort a été officiellement qualifiée de «naturelle» par le médecin, ce qui, de son avis, fait peser des soupçons persistants de torture. «Peut-on vraiment parler d’une simple maladie cardiaque lorsqu’on observe des traces de violence ?», s’interroge-t-il, tout en faisant remarquer qu’un seul coup peut suffire à provoquer une crise cardiaque chez une personne fragile.
Ces 81 personnes, arrêtées au mois de novembre par la Brigade d’intervention polyvalente (Bip) de la police nationale, à la suite d’une attaque armée, qui s’était produite durant la campagne électorale au marché de Sor Saint-Louis, en majorité des éléments de la sécurité rapprochée de l’intercoalition «Takku Wallu-Sam sa kaddu», avaient été déférées au Parquet le 11 novembre 2024, puis placés sous mandat de dépôt par le procureur de la vieille ville avant d’être jugées le 2 décembre dans un procès qui avait capté l’attention de tous les Sénégalais. Elles étaient poursuivies pour les chefs d’inculpation de «vol avec violence, voie de fait, port illégal d’armes et violation des arrêtés du 22 octobre du ministre de l’Intérieur».
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