Des pertes évaluées à plus de 100 millions de F Cfa ont été enregistrées dans l’incendie d’une rare violence qui s’est déclaré très tôt ce mardi 20 novembre 2024, vers 5 heures du matin, au Marché central de Thiès. Des faits tragiques qui, selon nombre de Thiessois, rappellent «l’urgence de repenser l’organisation de nos infrastructures publiques pour protéger les biens et les vies».
Par Cheikh CAMARA – Mercredi des… cendres ! Plus de 100 millions F Cfa ont été consumés par les flammes qui ont ravagé une bonne partie du Marché central de Thiès. Les pertes sont énormes et une vive inquiétude règne au sein de la communauté commerçante. Les premiers éléments d’informations font état d’un court-circuit qui serait à l’origine de l’incendie qui s’est déclaré dans le secteur Petersen communément appelé «Roukkou Disquette». Où les flammes ont ravagé environ une trentaine de cantines. Ndiaga Mbaye, un commerçant affecté par le sinistre, témoigne : «L’incendie a eu lieu vers 5 heures du matin. Nous avons enregistré de nombreux dégâts et pertes matérielles. Tout est parti en fumée. Nous estimons ces pertes à plus de cent millions de F Cfa.»
Les premiers secours sont intervenus rapidement. «J’ai entendu le poste électrique du marché exploser, et c’est là que les choses ont dégénéré. Les sapeurs-pompiers ont déployé d’importants moyens pour maîtriser le feu, mais cela n’a pas été facile en raison des installations précaires et de l’occupation anarchique des lieux», remarque Ndiaga. En prévision d’éventuels vols dans la zone du sinistre, le Commissariat central de Thiès a jugé nécessaire d’établir une ceinture de sécurité autour du marché. Un contexte alarmant dans lequel le maire de Thiès-Nord, Mamadou Diakhaté, a adressé un message de solidarité aux commerçants, tout en félicitant les Forces de l’ordre et les sapeurs-pompiers pour leur prompte mobilisation «dans des conditions difficiles».
Les responsables du marché n’ont pas manqué d’interpeller les autorités compétentes sur la nécessité de procéder au remplacement des poteaux électriques en bois, très vétustes. De nombreux Thiessois ont exprimé leur profonde consternation et leur solidarité suite à ce sinistre qui a laissé des dizaines de commerçants désemparés. Aussi d’appeler les autorités locales à prendre des mesures fortes et urgentes pour prévenir de tels incidents à l’avenir. Ils s’offusquent du fait que «l’intervention des sapeurs-pompiers ait, une fois de plus, été entravée par l’occupation anarchique des abords du marché, compliquant leur accès rapide au foyer de l’incendie».
Pour éviter que de tels retards ne se reproduisent, ces Thiessois recommandent un «réaménagement urgent des zones autour des marchés, afin d’assurer un accès facilité aux véhicules de secours en cas de sinistre», la «mise en place de dispositifs de prévention efficaces, incluant des bouches d’incendie fonctionnelles, des plans de circulation adaptés et des équipements modernes», un «soutien concret aux victimes, notamment par l’instauration d’un fonds de relance pour les commerçants touchés, afin de les aider à reprendre leurs activités».
Une tragédie qui remet sur le tapis la lancinante question de la recrudescence des incendies de marchés au Sénégal. D’où des mesures idoines à prendre pour minimiser ce fléau calamiteux. Il devra s’agir, pour nos interlocuteurs, de «restructurer les marchés, à savoir redéfinir le plan de départ pour libérer les allées des piétons et les couloirs pour les véhicules qui débarquent des marchandises, aussi réglementer rigoureusement l’installation électrique», de «mettre des moyens de secours incendie (poteaux d’incendie par les maires) et des boules d’extinction à déclenchement automatique dans chaque cantine par les commerçants», de «mettre en place un conseiller sécurité qui va veiller aux dispositions réglementaires dans ces marchés relatives à la prévention, à la propreté et à la sûreté».
Par rapport à l’arrêté interministériel (Intérieur, Commerce, Urbanisme) numéro : 0123 du 12 janvier 1998, qui réglemente la sécurité incendie, panique et explosion dans les marchés au Sénégal, certains acteurs du milieu dénoncent le fait qu’«aucun marché ne l’a jamais respecté». Et à cet effet, de demander aux maires, aux associations des commerçants et aux ministères du Commerce, de l’Intérieur et des Collectivités locales de «prendre le taureau par les cornes pour arrêter ce fléau». Rappelant que «la catastrophe n’est pas une fatalité, il faut la prévenir et s’y préparer pour l’éviter».
Correspondant