Tête de liste nationale de la Coalition Pastef, sorti grand vainqueur des élections législatives de ce week-end, Ousmane Sonko a réussi à faire le vide autour de lui. Il s’est, défait de ses oppossants. Une démarche qu’il a entamé depuis la présidentielle et qu’il termine avec ses législatives. Non sans avoir, auparavant, mis fin à son alliance avec ses anciens alliés de Yewwi askan wi dont il a été la locomotive, au plus fort de son combat acharné contre l’ancien Président Macky Sall.
Par Mamadou T. DIATTA – Ousmane Sonko n’a pas fait que remporter les élections législatives anticipées du dimanche 17 novembre. Il a fait plus. Avec la victoire de ce dimanche de la Coalition Pastef au pouvoir, on peut être amené à en déduire que le patron des «Patriotes» s’est défait de ses oppossants, qui animent le landerneau politique. Une démarche entamé lors de la présidentielle et qu’il termine avec les législatives. Ces oppossants s’appellent Macky Sall, Idrissa Seck, Amadou Ba, Khalifa Sall… Tous ces acteurs remarquables de la scène politique se sont pleinement ou en partie impliqués dans la participation de leurs poulains. Les joutes électorales de ce week-end, avec les résultats qui ont fini d’être enregistrés, illustrent comment un seul homme politique sans une idéologie quelconque en bandoulière, Ousmane Sonko, pour ne pas le nommer, est parvenu à éteindre les ambitions de ses devanciers sur le terrain politique.
Avec son triomphe, la performance spectaculaire de son camp électoral et politique, Ousmane Sonko a mis à genoux des familles politiques. Le regroupement de la famille n’a pas engendré les effets escomptés. Ce qui fait que, par conséquent, la tentative de retrouvailles des «enfants» du pape du Sopi va se traduire par un décompte du nombre de députés que chaque formation politique -l’Alliance pour la République (Apr), le Parti démocratique sénégalais (Pds), Rewmi, etc.- va effectuer pour se faire une idée réelle de sa représentativité au sein de la nouvelle Représentation nationale, appelée à incarner ou animer la XVème législature. L’unité d’action électorale mise en place par ces formations politiques semblait se poser ou se dresser -c’est selon- en front républicain devant les candidats du pouvoir. Mais, elle n’a pas pu résister à la machine victorieuse de la Coalition Pastef, huilée par son redoutable chef.
Pourtant chercher à faire dans l’innovation n’a pas été un acte suicidaire pour ceux qui dirigent ces partis en majorité libéraux. Ils ont voulu améliorer l’existant pour, en fin de compte, venir à bout de l’adversaire principal. Surtout que celui-ci avait adopté -aux élections législatives du 31 juillet 2022 contre la machine à gagner des élections d’alors, Benno bokk yaakaar (Bby)- une démarche similaire, une première dans l’histoire politique du pays : l’inter-coalition.
A observer les résultats de ce dimanche de la Coalition Pastef, l’on arrive également à constater ou à remarquer que le leader des «Patriotes» ne s’est pas limiter à dominer ses challengers. D’autres parmi ses opposants ont aussi fait les frais de sa stratégie politique couronnée de succès. La tête de liste de la Coalition «Sam sa kaddu», Barthélemy Dias, n’objectera pas le contraire. Lui qui a voulu se montrer intraitable devant son ancien allié de la Coalition Yewwi askan wi (Yaw) et nouvel adversaire au fil de l’évolution du jeu politique s’est arrêté aux pieds de son nouvel «antagoniste».
De leur côté, Anta Babacar Ngom, Cheikh Tidiane Youm, Bougane Guèye et Thierno Bocoum, des compagnons et alliés d’infortune du maire de la ville de Dakar, ne peuvent pas contester les nouveaux états de service…politiques du patron du parti Pastef. La tonalité de leurs discours durant la campagne électorale, très radicale, à l’encontre de la tête de liste nationale de la Coalition Pastef ne leur a pas profité.
Le contrat de location retiré
Ousmane Sonko, locomotive de la défunte Coalition Yewwi askan wi, a retiré sa confiance à ses alliés électoraux, durant le combat épique qu’il livrait avec l’ancien régime politique de Macky Sall. La crise née de la participation du leader politique de la plateforme «Taxawu Senegaal», l’ancien maire de la ville de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, a poussé Ousmane Sonko à «désactiver» leur alliance politique et…législative. Puisqu’à la place Soweto le groupe parlementaire Yewwi askan wi s’est fissuré, avec la sortie des rangs des alliés des parlementaires partisans de l’ex-édile de la capitale. Ces derniers avaient ainsi fini d’«imiter» leurs collègues de Wallu, qui avaient pris le soin de prendre leur indépendance et autonomie d’action au sein de l’Assemblée nationale en mettant sur pied leur propre groupe parlementaire dénommé Démocratie, liberté et changement. Et ce, dès l’installation officielle des députés de la XIVème législature, un certain 12 septembre 2022.
Ces derniers, par le biais de leur formation politique, ont pensé qu’il était judicieux d’embarquer main dans la main, en tant que frères libéraux et «fils» du père du libéralisme africain, Me Abdoulaye Wade, pour arriver sans vague, donc à bon port, sur le quai de la Place Soweto. Le grand bleu très agité des élections législatives ne leur a laissé que peu de bouées pour tenter de se sauver d’une noyade électorale, qui avait commencé à les guetter dès leur montée à bord du bateau «Takku Wallu Senegaal». En attendant de trouver un meilleur capitaine, ils doivent s’habituer désormais à apprendre la leçon que leur a administrée celui de la nouvelle embarcation de luxe, Ousmane Sonko.
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