Le Sénégal s’engage dans une renégociation délicate avec Acwa Power, la compagnie saoudienne, autour du projet de dessalement d’eau de mer. Confronté aux exigences imposées par l’Arabie Saoudite, le Président Bassirou Diomaye Faye s’est rendu personnellement à Riyad, concédant aux conditions saoudiennes pour sauver cet accord crucial.
Ce contrat, initialement signé sous le régime de Macky Sall, avait été suspendu par le ministre de l’Hydraulique, Cheikh Tidiane Dièye, en juillet dernier, qui dénonçait des coûts élevés et un impact environnemental incertain. M. Dièye soulignait également le risque de hausse du prix de l’eau, des projections de consommation qui pourraient rapidement dépasser les 400 000 m³/jour prévus, et l’absence d’études environnementales solides. Il estimait que cet engagement de 459 milliards de FCFA sur 30 ans représentait un fardeau financier de 20 à 40 milliards par an.
Cependant, cette décision n’avait pas été bien reçue par Riyad, qui a immédiatement manifesté son mécontentement. Une première mission, confiée au ministre-directeur de cabinet du Président, Mary Teuw Niane, s’était soldée par un échec, avec des interlocuteurs de moindre importance reçus en août dernier. Finalement, Bassirou Diomaye Faye a profité du Forum saoudien d’investissement pour rétablir le dialogue avec les autorités saoudiennes, espérant relancer le projet malgré des concessions significatives.
Le projet, sous un Partenariat public-privé (PPP), sera revu mais sans modifications majeures. Rappelons que ce contrat de dessalement n’est pas une première pour le Sénégal, qui, avec le soutien financier du Japon, réalise un autre projet similaire. Néanmoins, en raison de « priorités nationales », le gouvernement de Sonko avait décidé d’annuler cet accord initial, sans toutefois préciser les pertes potentielles. Ce récent aller-retour diplomatique pourrait augurer un compromis peu avantageux pour le Sénégal, marqué par des termes sans doute peu éloignés de l’accord initial.