L’opposant Moustapha Diakhaté ne compte pas changer de discours vis-à-vis du régime actuel. Il a averti hier, lors de sa première conférence de presse après sa libération, les tenants du pouvoir qu’il est prêt à retourner en prison. Non sans indiquer qu’aucun citoyen n’a jusqu’ici égalé le Premier ministre Ousmane Sonko en termes de défiance.
L’ancien ministre, chef de Cabinet de l’ancien Président Macky Sall a réaffirmé, hier, sa détermination à continuer à s’opposer au régime en place. Libéré la semaine dernière, après avoir purgé sa peine de deux mois de prison ferme pour avoir tenu des propos jugés injurieux à l’endroit d’une catégorie de la population, Moustapha Diakhaté a fait face, hier à Dakar, à la presse, comme il l’avait promis et annoncé vendredi dernier.
Moustapha Diakhaté n’a pas mâché ses mots devant les journalistes. A l’attention des tenants du pouvoir dont il pense qu’ils lui «en veulent à cause de» son discours, Diakhaté leur dit ceci : «(…) qu’ils se préparent parce que je ne vais pas me taire. Je suis prêt à retourner en prison, dès demain, s’il le faut.»
Poursuivant sur la même lancée, il déclare : «Nous sommes en démocratie et personne n’a encore posé les mêmes actes de défiance que Sonko. Personne ne peut me faire taire, et je ne vais pas me taire face aux actes posés par Pastef.»
L’opposant maintient sa déclaration qui lui a valu sa condamnation par le Tribunal. «Pour eux, «alkou» est une insulte, mais en tant que saloum-saloum, je considère que ce mot n’est pas une insulte, et c’est la raison pour laquelle, devant la barre, j’ai encore nié avoir insulté qui que ce soit», défend-il.
Au sujet de son dossier judiciaire, l’ancien responsable de l’Apr annonce la poursuite de son combat. Celui-ci se décline à travers un appel de la décision du premier juge, mais aussi la saisine de juridictions internationales. Toute une démarche dont l’objectif demeure de parvenir à laver son honneur. «Je vais interjeter appel et je ne m’en arrêterai pas là. Je vais saisir la Commission africaine des droits de l’Homme, la Cour de la Cedeao, s’il le faut, mais je vais laver mon honneur parce que je n’ai jamais insulté personne.»
L’ancien président du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar (Bby) conteste la procédure qui l’a conduit en prison. Et ce ne sont pas les faits qui lui font défaut pour rembobiner le film de sa rencontre avec le maître des poursuites. «Ils ont aussi dit que j’ai fait cette déclaration via un système informatique. Ce qui est totalement faux parce que j’ai parlé à la télé. Si les chaînes youtube ont repris ces propos, ce n’est pas de ma responsabilité. Je n’ai non plus insulté aucune communauté parce qu’un ensemble d’électeurs de Pastef ne constitue pas une communauté», soutient encore l’homme politique. Non sans déclarer, auparavant, avoir refusé de signer le Pv d’enquête à la Division spéciale de la cybercriminalité où, d’après lui, il a évité de tomber dans le «piège» du limier, qui a tenté de l’«avoir» par le «délit d’offense au chef de l’Etat». Puisque ce dernier lui a demandé si le président de la République et le Premier ministre faisaient partie des personnes dont il a fait mention dans sa déclaration.
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