Les manutentionnaires du Port de Dakar revendiquent une augmentation de la rémunération pour le déchargement de marchandises, passant de 700 à 1 000 F CFA par tonne, ainsi que des horaires de travail plus raisonnables. En conséquence, le port est paralysé depuis samedi dernier.
« Arrêtez de me malmener », implore Xavier (un pseudonyme), face à des critiques acerbes de ses pairs pour avoir tenté de briser la grève. Ce Malien, surpris en train de charger un camion de riz malgré le mot d’ordre de grève, a échappé de justesse à une confrontation grâce à l’intervention du président de l’Association des manœuvres.
Des conditions de travail dénoncées
Lamine Sylla, Secrétaire général adjoint de l’Association des manœuvres, dénonce la situation : « Nous sommes payés 700 F CFA la tonne de marchandises, une somme partagée entre neuf personnes, dont un chef d’équipe qui ne participe pas au travail mais est payé par les manœuvres. » En plus de la pénibilité des tâches et de l’insécurité croissante, il souligne que les manutentionnaires sont souvent contraints de travailler 24 heures d’affilée. Malgré des courriers adressés aux autorités pour éviter la paralysie, celles-ci sont restées sans réponse.
Un mouvement de grève illimité
L’Association des manœuvres a donc lancé une grève illimitée. Selon Lamine Sylla, « 80 % du travail du port repose sur nous. Si les armateurs prennent conscience de la grève, ils pourraient détourner leurs navires vers des ports concurrents, ce qui serait préjudiciable pour tous. » Le mouvement, en l’absence de solutions, pourrait sérieusement perturber l’approvisionnement des denrées telles que le riz et le sucre, impactant directement le pouvoir d’achat des ménages.
Des conditions de vie précaires
« Il y a des gens qui ont travaillé ici pendant 30 ans et à leur retraite, nous avons dû cotiser pour leur payer le transport. Nous ne voulons plus de cela », déclare Sylla, déterminé à lutter pour une vie décente pour ses collègues. Il prévient que le mouvement pourrait s’intensifier si leurs demandes ne sont pas entendues.
Une paralysie déjà visible
Un tour aux Môles 1, 2 et 3 suffit pour constater les effets de la grève : camions vides, activités au ralenti, et un silence inhabituel. Les manœuvres surveillent l’accès au Môle 2, déterminés à maintenir la pression. Depuis 2022, le tarif par tonne de marchandises déchargées est passé de 500 à 700 F CFA, un tarif inchangé depuis 1984.
Des importateurs en difficulté
Les répercussions se font déjà sentir parmi les importateurs. Certains, bloqués dans leurs démarches, s’inquiètent des coûts supplémentaires liés à l’immobilisation de leurs marchandises. Un opérateur, en attente depuis plus de dix jours pour le déchargement de son bateau, fait état de pertes financières significatives en raison de surestaries à payer.
Lamine Sylla conclut : « Nous ne voulons pas de violence, mais nous n’avons pas d’autre choix pour nous faire entendre. Si rien n’est fait, nous sommes prêts à durcir le mouvement pour obtenir satisfaction. »