Samedi, le Premier ministre Ousmane Sonko ne s’est pas embarrassé de formules diplomatiques pour dénoncer la politique «d’extermination» du Peuple palestinien menée par Benjamin Netanyahu, qui «est prêt à marcher sur des milliers de cadavres pour rester Premier ministre». Sa présence et ses mots seront-ils un tournant dans les relations entre le Sénégal et l’Etat hébreu ? Par Ousmane SOW –
C’est à travers un post que le Premier ministre a annoncé sa participation à la marche de soutien au Peuple palestinien soumis à la puissante Armée d’Israël à Gaza. Cette offensive s’est étendue à d’autres villes comme Khan Younes et en Cisjordanie occupée. Il est venu en arborant le keffieh, symbole de la résistance palestinienne. «Je réitère toute notre douleur et notre peine face à cette situation que vivent nos frères palestiniens. Nous la dénonçons en tant que croyant, mais nous considérons qu’il faut avoir une attitude politique. Le Pape François l’a dénoncée et condamnée. Il a réclamé deux Etats viables (…) Il faut rassembler tous ceux qui dénoncent cette injustice, travailler à une solution politique qui est une solution d’isolement de l’Etat d’Israël, d’isolement politique», dit-il devant plusieurs centaines de personnes, qui ont participé au rassemblement en soutien aux Palestiniens à la Grande Mosquée de Dakar, ce samedi.
Assemblée – Suppression du Hcct et du Cese : PREMIER BARRAGE
Le Sénégal est-il en train de changer de doctrine diplomatique à l’endroit d’Israël ? «Le nouveau régime, sous la direction du Président Diomaye Faye, a décidé d’aller au-delà des déclarations et initiatives au niveau des Nations unies, mais d’être présent aux côtés de nos frères palestiniens pour mener ensemble ce combat», annonce-t-il. Le Sénégal, président du Comité pour la défense des droits inaliénables du peuple palestinien depuis 1975, a porté énormément d’initiatives depuis l’indépendance dont la plus récente a abouti au vote, en 2016, d’une résolution condamnant Israël relativement à l’extension de ses colonies sur les terres palestiniennes. Cette décision avait provoqué le rappel de l’ambassadeur d’Israël à Dakar pour protester contre ce vote à l’Onu. Samedi, le Pm sénégalais n’a pas été tendre avec son homologue de l’Etat hébreu. Il dit sans mettre de gants : «Nous avons un Premier ministre (israélien) dont le pouvoir dépend de cette guerre, (dont) la survie politique dépend de cette guerre, et qui est prêt à marcher sur des milliers de cadavres pour rester Premier ministre et pour ne pas faire face à la Justice de son pays. Il faut rassembler tous ceux qui dénoncent cette injustice, travailler à une solution politique qui est une solution d’isolement de l’Etat d’Israël, (une solution) d’isolement politique.» Depuis le début de cette guerre le 7 octobre dernier, près de 50 mille Palestiniens ont été tués dont de nombreux enfants. «Il faut arrêter cette barbarie humaine, validée, cautionnée par certains pays occidentaux», ajoute-t-il, en dénonçant une politique «d’extermination» et «l’injustice subie par les Palestiniens» depuis la création d’Israël en 1948.
L’ambassadeur de Palestine salue une première
Aujourd’hui, Sonko regrette les «multiples divisions» qui empêchent «musulmans et Africains de parler d’une seule voix». «Depuis le début de cette crise, les actions les plus visibles ont été initiées par l’Afrique du Sud, où les musulmans sont très minoritaires, et par certains pays d’Amérique latine qui ont rompu leurs relations diplomatiques avec Israël. Alors que tous ceux qui nous chantent la démocratie et les droits de l’Homme sont ceux qui appuient Israël, qui l’arment», regrette-t-il. Il poursuit : «Si la Cpi (Cour pénale internationale) (Ndlr : C’est le procureur qui a émis un mandat d’arrêt international) a pu condamner pour crime contre l’humanité le Premier ministre israélien actuel, c’est parce que l’Afrique du Sud a fait ce qu’auraient pu faire tous les musulmans pour obtenir ce résultat (Ndlr : L’Afrique du Sud a saisi la Cour internationale de la Justice, qui siège aussi à La Haye). Ratissons le plus large possible, et je pense que nous pourrions avoir les résultats tant souhaités, qui est d’arrêter cette barbarie humaine validée, cautionnée par certains pays occidentaux», a-t-il dénoncé.
Lutte contre la criminalité : L’État sort les armes
Il faut savoir que M. Sonko prenait part à un rassemblement sur l’esplanade de la Grande Mosquée de Dakar, à l’appel de l’Alliance nationale pour la cause palestinienne. Cette manifestation a réuni des milliers de personnes arborant des drapelets palestiniens et portant des t-shirts avec l’inscription «Palestine libre». Evidemment, l’ambassadeur de Palestine à Dakar, Nasser Jaddalah, est ravi de cette mobilisation et de la présence du Premier ministre sénégalais à ce rassemblement qui est une «première dans l’histoire du Sénégal». «Je salue le soutien constant du Peuple sénégalais à la cause palestinienne, surtout dans ce contexte de blocus de la bande de Gaza par l’Etat d’Israël, sous le silence complice de la Communauté internationale», salue le diplomate palestinien.