Le Sénégal s’apprête à affronter une augmentation significative de sa charge de la dette publique dans les prochaines années. Selon des estimations obtenues par Sika Finance, le service de la dette, englobant les remboursements du capital emprunté et les paiements d’intérêts, devrait s’élever à 8 125 milliards de francs CFA, soit environ 13,65 milliards de dollars, entre 2025 et 2027. Ce montant marque une nette progression par rapport aux périodes précédentes.
Un endettement en forte croissance
À la fin de l’année 2023, le stock de la dette publique sénégalaise atteignait déjà 13 776 milliards de francs CFA, soit environ 23,26 milliards de dollars. Les remboursements à venir, qui représentent environ 59 % de ce total, constitueront une pression importante sur les finances publiques du pays.
Le service de la dette est divisé entre la dette extérieure et la dette intérieure. La dette extérieure, représentant 59 % de l’encours total, soit 4 772 milliards de francs CFA, est principalement détenue par des créanciers multilatéraux tels que la Banque mondiale et le FMI, ainsi que par des détenteurs d’eurobonds et des créanciers bilatéraux. Les remboursements de cette dette atteindront 1 316 milliards de francs CFA en 2025, 1 858 milliards de francs CFA en 2026 et 1 598 milliards de francs CFA en 2027. Cette hausse est notamment due au début des remboursements de l’eurobond 2028, avec 218,65 milliards de francs CFA à rembourser sur la période de trois ans.
Du côté de la dette intérieure, qui s’élève à 3 352 milliards de francs CFA, elle est principalement détenue par des investisseurs locaux sous forme de bons et d’obligations du Trésor. Les coûts liés aux intérêts et au remboursement du principal sont estimés à 1 119 milliards de francs CFA en 2025, 1 421 milliards de francs CFA en 2026, et 812 milliards de francs CFA en 2027. Comparé à 2024, où ces montants s’élevaient à 670 milliards de francs CFA, le service de la dette connaîtra une progression notable de 112 % en 2026, principalement en raison du remboursement de titres publics d’un montant de 996 milliards de francs CFA, soit environ 1,1 milliard de dollars.
Renforcement de la mobilisation des ressources
Pour honorer ses obligations, l’État sénégalais devra s’appuyer sur une mobilisation accrue des ressources de ses régies financières, qui seront fortement mises à contribution pour répondre à cette augmentation de la dette.
Répartition de la dette publique
À fin 2023, la dette publique sénégalaise était détenue à 74 % par des non-résidents, notamment via la dette multilatérale (26 %), les eurobonds (18 %) et la dette bilatérale (13 %). Les résidents, quant à eux, détiennent principalement la dette sous forme d’obligations du Trésor, représentant 16 % du total. Les autres instruments financiers, hors eurobonds, restent faiblement détenus par des non-résidents.
source lequotidien