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Le scandale de l’engrais refait surface : Les dessous d’un litige à 3,9 milliards FCFA

L’audition d’Aziz Ndiaye et de son frère Massata, initialement prévue ce jeudi 27 mars 2025 devant le juge du 2e cabinet, a été reportée. Ce dossier porte sur le détournement présumé d’une cargaison d’engrais d’une valeur de 3,9 milliards de FCFA. Contrairement à certaines interprétations, cette affaire ne s’inscrit pas dans la politique de reddition des comptes du nouveau régime, mais relève d’un litige privé entre Ndèye Nancy Niang, directrice de Transcontinental Transit (TCT), et l’homme d’affaires turc Rahul Chandra.

Une transaction commerciale à l’origine du conflit

Le contentieux trouve son origine dans un contrat signé le 18 mars 2020 entre la société émiratie Re-Energy FZE, dirigée par Rahul Chandra, et Amine Group, une entreprise sénégalaise représentée par Ndèye Nancy Niang. L’accord portait sur la vente de 35 342,945 tonnes d’urée granulaire en provenance d’Oman pour un montant de 6,15 milliards de FCFA, avec une livraison prévue au Port Autonome de Dakar.

Cependant, selon une plainte déposée le 12 avril 2021 par Me Cheikh Ahmadou Ndiaye, avocat de Rahul Chandra, Nancy Niang aurait pris possession de la cargaison sans honorer le paiement. Les engrais auraient été stockés dans des entrepôts à Rufisque et au Cices, sans restitution ni paiement des sommes dues.

Des accords bafoués et des pertes colossales

Face à l’impasse, un nouvel accord est signé le 25 août 2020. Re-Energy accepte de céder 28 000 tonnes à Nancy Niang, concédant une perte de 1,28 milliard de FCFA. L’accord prévoyait la vente de 12 000 tonnes pour 2,14 milliards de FCFA avant le 30 décembre 2020 et la cession de 1 600 tonnes à Stals Group avec paiement direct à Re-Energy. Malgré ces arrangements, Nancy Niang ne respecte pas ses engagements. Un second contrat, signé sous pression le 26 janvier 2021, prévoyait la vente de 10 000 tonnes pour 1,3 milliard de FCFA, payable avant le 31 mars 2021, mais là encore, les obligations ne sont pas tenues.

Sur les 22 000 tonnes confiées, d’une valeur de 3,44 milliards de FCFA, Nancy Niang ne verse que 435 millions de FCFA. Pire, 5 500 tonnes, estimées à 957 millions de FCFA, disparaissent sans explication. Plusieurs relances et mises en demeure adressées en 2020 et 2021 restent sans réponse.

Des accusations et une inculpation

Dans ses déclarations, Nancy Niang attribue ces pertes à des détournements commis par Mamadou Lamine Ngom, présenté comme actionnaire d’Amine Group. Toutefois, selon les plaignants, elle demeurait responsable de la gestion des marchandises et des entrepôts sous douane. L’enquête menée par la Sûreté Urbaine de Dakar aboutit à son inculpation en mars 2022 pour association de malfaiteurs, contrebande, abus de confiance, escroquerie, vol et faux en écritures privées de banque. Elle est placée sous mandat de dépôt par le juge du 2e cabinet.

La suite de l’instruction devra déterminer les responsabilités exactes dans ce dossier aux multiples ramifications.

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