La transparence de Sonko et ses limites économiques
L’exercice de « transparence » initié par Ousmane Sonko et certains de ses ministres, concernant les chiffres du déficit et de la dette, n’a pas amélioré la situation économique du Sénégal. La récente mission du Fonds Monétaire International (FMI), qui vient de conclure sa visite, a exprimé ses préoccupations quant à la situation financière du pays, notamment sur la gestion des dépenses et l’ampleur du déficit. Le FMI a également mis en garde contre les emprunts auprès des banques locales, soulignant un manque de couverture de ces prêts, ce qui constitue un risque pour l’ensemble du système bancaire.
Déficit en hausse et tensions budgétaires
« Le Sénégal continue de faire face à un environnement difficile, avec des signes de tensions accrues dans l’exécution du budget », a déclaré M. Edward Gemayel, chef de la mission du FMI. Il a confirmé les prévisions inquiétantes de la dernière visite des services, avec un déficit budgétaire susceptible de dépasser les 7,5 % du PIB en fin d’année. Cette situation est aggravée par une hausse des dépenses d’investissement, comme le révèlent les premières conclusions du rapport de l’Inspection générale des finances (Igf).
Le choix des emprunts locaux : une menace pour le système bancaire
En se tournant vers les banques locales pour financer ses investissements, le gouvernement a pris un risque que le FMI n’a pas manqué de souligner. L’absence de couverture extérieure sur ces prêts pourrait fragiliser le système bancaire national. Une défaillance d’une seule banque pourrait avoir des répercussions graves sur la stabilité financière de tout le pays. Le rôle de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dans cette situation est également questionné, notamment sur la surveillance de la stabilité monétaire dans la zone UEMOA.
Appel à des réformes audacieuses pour assainir les finances publiques
Le FMI a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre des réformes budgétaires immédiates pour garantir la viabilité des finances publiques et réduire le niveau de la dette. Le communiqué de l’institution souligne que « la Loi de finances 2025 représente une occasion cruciale pour le gouvernement de réaffirmer son engagement en faveur des réformes essentielles et de répondre aux défis structurels de longue date ». Parmi les recommandations, le renforcement de la mobilisation des recettes domestiques, la rationalisation des exonérations fiscales, ainsi que la suppression progressive des subventions énergétiques sont jugés indispensables pour restaurer la discipline budgétaire.
Vers une nouvelle législature pour relever les défis économiques
L’optimisme affiché par le FMI contraste avec les défis auxquels le Sénégal reste confronté. Après les élections législatives de novembre, l’une des priorités du gouvernement sera de faire adopter une Loi des finances visant un développement économique durable. Cependant, les tensions politiques demeurent, notamment avec la réplique attendue d’Ousmane Sonko face aux critiques de l’ancien président Macky Sall sur la gestion du déficit et de la dette. Les prochains mois seront déterminants pour la stabilité économique du Sénégal et la confiance des investisseurs dans sa gouvernance.