Le Premier ministre Ousmane Sonko est attendu à l’Assemblée nationale le 11 septembre prochain pour faire sa Déclaration de politique générale (Dpg). Cette décision a été annoncée hier par le président de l’Assemblée nationale. Dr Amadou Mame Diop a également convoqué les députés en séance plénière le lundi 9 septembre, pour l’examen du projet de loi de règlement pour la gestion 2022, du projet de loi autorisant le président de la République à ratifier la Convention de Niamey relative à la coopération transfrontalière et du projet de loi relatif à la Commission nationale des droits de l’Homme. Pendant ce temps, Amadou Bâ, député Yewwi askan wi, accuse Benno bokk yaakaar (Bby) de défier la Constitution en fixant la date du 11 septembre. Par Ousmane SOW –
Les membres de la Conférence des présidents de l’Assemblée nationale ont fixé la date de la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre Ousmane Sonko au 11 septembre, juste un jour avant la potentielle dissolution de l’Assemblée nationale. C’est du moins ce que renseigne le communiqué rendu public hier, et signé par le président de l’Assemblée nationale, Dr Amadou Mame Diop. En effet, après l’ouverture de la troisième session extraordinaire de l’Assemblée nationale, la Conférence des présidents s’est réunie pour dérouler le calendrier pour l’examen des projets de loi listés par le président de la République et soumis à Amadou Mame Diop. Il a été retenu également lors de cette rencontre, la date du lundi 9 septembre pour l’examen du projet de loi de règlement pour la gestion 2022, du projet de loi autorisant le président de la République à ratifier la Convention de Niamey relative à la coopération transfrontalière et du projet de loi relatif à la Commission nationale des droits de l’Homme, indique le communiqué de l’institution parlementaire. Evidemment, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui a la priorité dans la fixation de l’ordre du jour, a remis les pendules à l’heure, puisque l’Assemblée nationale, elle-même, a des projets de loi en instance qu’elle n’a pas eu le temps d’examiner et d’adopter. Il faut le dire, avec cette convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée, Diomaye bloque la motion de censure contre son chef de gouvernement, qu’envisagent de faire voter les députés de Benno bokk yaakaar (Bby). «L’Assemblée doit se mettre au travail parce qu’il y a beaucoup de secteurs qui attendent l’adoption de ces projets de lois pour pouvoir avancer sur certains dossiers», avance le président du Groupe parlementaire Yewwi askan wi, Mouhamed Ayib Daffé. Face à la presse hier en marge de l’ouverture de la session, le parlementaire estime que les députés de Bby vont revenir à la raison et être dans le fonctionnement des institutions. «Il faut qu’ils arrêtent d’entraver, de bloquer, de faire du sabotage en utilisant les pouvoirs d’une institution, de vouloir piéger le gouvernement ou l’Exécutif. Ils n’ont ni les moyens juridiques ni politiques», a soutenu M. Daffé.
Après l’actualisation du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale et la fixation de la date du 11 septembre, le Premier ministre Ousmane Sonko va-t-il faire sa Déclaration de politique générale devant les députés ? Pour Moussa Diakhaté, président de la Commission des lois, il faut accorder le bénéfice du doute au Premier ministre. «En termes de délais, si on devait l’étudier pour que le Premier ministre vienne, il lui faut 8 jours. On est aujourd’hui (hier) le 5, si l’on ajoute 8 jours, on devrait se retrouver à la date du 13 septembre prochain, qui est le jour qui suit la date légale permettant au président de la République de dissoudre le Parlement. Est-ce de la ruse ?», s’interroge le député de Bby. Avant de poursuivre : «Je veux rester optimiste, républicain… Mais que les Sénégalais sachent que nous voulions juste que le Premier ministre fasse la Dpg pour édifier les Sénégalais sur l’orientation qu’il veut prendre pour ce pays. Tout le bluff derrière n’a aucun sens.» Le député Bby n’a pas manqué d’égratigner Ousmane Sonko. «A maintes reprises, Ousmane Sonko nous a habitués à clignoter à gauche et à tourner à droite.» Alors, reprenant Saint Thomas d’Aquin, Moussa Diakhaté ne croit qu’en ce qu’il voit. «Beaucoup le pensent, mais je veux rester constatant. Il faut le voir pour y croire. Maintenant, ils nous ont demandé d’ouvrir une troisième session et la Déclaration de politique générale (Dpg) figure en dernière instance», a soutenu M. Diakhaté.
Amadou Bâ (Yewwi) : «Bby défie la Constitution»
Député de Yewwi askan wi et responsable du parti Pastef, Amadou Bâ estime que Benno bokk yaakaar a défié la Constitution en fixant la date du 11 septembre. «Bby vient de fixer la Dpg au 11 septembre, veille de la date constitutionnelle de la dissolution, en violation flagrante du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale», a-t-il écrit sur sa page Facebook. En effet, estime Amadou Bâ, aux termes de l’article 97 nouveau du Rian (Règlement intérieur de l’Assemblée nationale), ce n’est pas à l’Assemblée nationale de fixer la date, mais au Premier ministre lui-même. «L’Assemblée nationale doit juste être informée 8 jours au moins avant la date retenue», a en croire le député de la mouvance présidentielle.
Pour ce dernier, le Président Diomaye ayant convoqué une session extraordinaire sur la Dpg le 4 septembre, il est évident que le délai de 8 jours entre l’information de l’Assemblée nationale et la tenue de la Dpg renvoie au 12 septembre pile-poil, la date constitutionnelle actée par le Conseil constitutionnel pour une éventuelle dissolution. «Après l’échec pathétique de leur procédure de motion de censure, Bby veut désormais créer une véritable crise constitutionnelle, somme toute bien artificielle, pour se venger du camouflet présidentiel qui a court-circuité leur stratégie», explique le parlementaire. Amadou Bâ assure que «le Premier ministre est légalement protégé par le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale et ne défèrera à aucune convocation illégale».
source le quotidien