La hausse des prix des légumes, de l’oignon, de la pomme de terre, ainsi que de la viande et du poisson met à rude épreuve de nombreux foyers. Un tour dans la banlieue de Dakar permet de constater l’ampleur de la situation.
Par Dieynaba Kane – Dire que la vie est chère à Dakar serait un euphémisme. Ces derniers jours, la situation des ménages devient encore plus critique. À 10h à Pikine, sous un ciel encore humide après une pluie matinale, des femmes s’affairent dans les ruelles pour préparer le déjeuner, évitant les flaques d’eau. Une tâche qui devient de plus en plus difficile face à la flambée des prix de presque toutes les denrées alimentaires.
Diary, une habituée d’un petit étal situé près de chez elle, se désole de la situation. Tenant un sachet à la main, elle s’indigne du prix exorbitant des produits qu’elle achète régulièrement. « Le kilogramme d’oignon coûte désormais 900 francs CFA, et la pomme de terre est à 1000 francs. Mais ce ne sont pas seulement ces produits qui sont devenus chers », explique-t-elle. Une autre femme, croisée sur la route du marché Zinc, confirme cette réalité. « Tout est devenu cher : carottes, choux, manioc, viande, poisson… Rien n’échappe à cette hausse », affirme-t-elle. Elle explique qu’elle a dû parcourir plusieurs étals pour tenter d’obtenir une réduction, en vain. « Je me suis épuisée pour rien. Je ne parle même pas de la viande ou du poisson qui étaient déjà chers. Maintenant, il faut débourser 200 ou 300 francs CFA pour acheter une petite portion de carottes ou de chou », ajoute-t-elle avec amertume.
Dans les quartiers, la situation n’est guère meilleure. Les vendeuses, bien présentes derrière leurs étals remplis de légumes, peinent à attirer des clients. Fatou, qui tient un étal garni, observe la scène avec résignation. « Tout est cher et les gens n’ont plus d’argent », explique-t-elle. Malgré l’insalubrité engendrée par la pluie du matin, qui pourrait détourner les clients des grands marchés, cela ne semble pas bénéficier aux petites commerçantes des quartiers. Une autre vendeuse, rencontrée un peu plus loin, espère que les clients viendront plus tard dans la journée, bien qu’elle admette que les temps sont difficiles.
Cependant, la situation est différente pour les vendeurs d’oignons. Diallo, occupé à trancher des oignons pour les emballer dans des sachets, attire de nombreuses clientes. Une dame présente sur place affirme : « Même si c’est cher, on achète. C’est comme la viande et le poisson, c’est très cher, mais il n’y a pas d’autres options, il faut se débrouiller pour nourrir la famille. »
Les prix de la viande et du poisson, tout comme ceux de l’oignon et de la pomme de terre, ont connu une forte hausse ces derniers mois. Le kilogramme de viande de bœuf dépasse désormais les 4000 francs CFA, tandis qu’un bon poisson pour préparer un « Thiébou Dieune » coûte entre 2500 et 3000 francs CFA.
Malgré les promesses des nouvelles autorités qui ont fait de la lutte contre la vie chère une priorité, les mesures prises en juin pour diminuer légèrement les prix du sucre, du riz, de l’huile et du pain ne semblent pas avoir eu l’effet escompté. Pour beaucoup, ces efforts sont comparés à une goutte d’eau dans l’océan.
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