Le gouvernement pourra-t-il apaiser les tensions sociales et répondre aux attentes des travailleurs ? Rien n’est certain, bien que le dialogue ait été renoué. Hier, le Premier ministre Ousmane Sonko a rencontré les syndicats et le patronat, qui ont réaffirmé leurs revendications lors de cette grande réunion tripartite.
Des revendications pressantes
Organisée en prélude au dialogue social au Grand Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose, cette rencontre entre syndicats, gouvernement et employeurs s’est achevée sans qu’un accord concret ne soit trouvé, malgré un certain rapprochement des positions. Pendant plus de deux heures, Ousmane Sonko a écouté les doléances des organisations syndicales et patronales, insistant sur la volonté de l’État d’aboutir à des solutions concertées.
Ndiémé Sow, représentante du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes), a ouvert le débat en interpellant vivement le gouvernement sur la situation critique des universités et le non-respect des engagements pris. Elle a dénoncé, avec émotion, la précarité des familles des enseignants-chercheurs décédés. « Monsieur le Premier ministre, nous demande-t-on de souscrire à un pacte social sur la tombe de nos camarades disparus ? », a-t-elle lancé. Insistant sur les difficultés financières des veufs et veuves des enseignants-chercheurs, elle a exigé que les cotisations versées soient effectivement restituées aux ayants droit, plutôt qu’une simple augmentation de salaire.
Le secteur de la santé en crise
Le docteur Mamadou Demba Ndour, secrétaire général du Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames), a de son côté alerté sur le sort des jeunes médecins laissés sans emploi après de longues années d’études. « Après 25 ans d’investissement, de jeunes Sénégalais se retrouvent dans la rue, faute d’emplois, alors que l’État sénégalais a abandonné la gestion des ressources humaines de la santé depuis près de cinq ans », a-t-il dénoncé. Il a fustigé les recrutements contractuels précaires et appelé à une politique de recrutement plus équitable et pérenne pour garantir un système de santé performant.
Un climat social tendu
Mody Guiro, secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), a pour sa part souligné la multiplication des conflits sociaux dans divers secteurs. « Le Sénégal fait face à une détérioration du climat social marquée par des conflits dans l’Éducation, la Santé, le secteur privé et l’Administration publique », a-t-il regretté. Il a également dénoncé l’inaction de l’État face aux revendications et les licenciements abusifs qui accentuent la crise. « Le gouvernement doit rapidement mettre un terme à ces violations de la législation, inacceptables pour nos organisations syndicales », a-t-il averti.
Si cette rencontre a permis un échange direct entre les parties prenantes, elle n’a pas encore débouché sur des décisions concrètes. Reste à savoir si le gouvernement parviendra à transformer cette reprise du dialogue en mesures tangibles pour répondre aux préoccupations des travailleurs.