Depuis une semaine, la commune de Ballou, dans le département de Bakel, fait face à une catastrophe sans précédent causée par les lâchers d’eau du barrage de Manantali. Les villages situés le long du fleuve Sénégal ont été submergés, entraînant des inondations massives qui ont détruit maisons et champs. Les habitants, démunis, se réfugient sur les terrasses ou sur les hauteurs du Diéri pour échapper à la montée des eaux.
Un Secours Timide de l’État
Si les premières aides de l’État sont arrivées, elles sont jugées insuffisantes par les populations locales. Les habitants attendent toujours le déclenchement du Plan Orsec pour une intervention à plus grande échelle. Entre temps, la solidarité s’organise : les ressortissants de la zone, basés à Dakar et à l’étranger, tentent de combler les lacunes de l’aide étatique.
Survivre dans des Conditions Précaires
Les villages de Aroundou, Yafera, Golmy, Balou et leurs voisins sont littéralement coupés du monde. « Pour se déplacer, seules les pirogues sont utilisées », déclare Cheikhna Camara, maire de Balou. Les sinistrés se retrouvent sans eau potable, la montée des eaux ayant contaminé les puits et les forages. Les approvisionnements en nourriture sont rares et coûteux, et les réseaux de communication sont hors service, rendant encore plus difficile la coordination des secours.
Une Santé Menacée
Le risque de maladies diarrhéiques augmente, et la structure sanitaire de Yafera, elle aussi inondée, ne peut plus accueillir les patients. Les habitants appellent à la création d’hôpitaux mobiles pour subvenir aux besoins médicaux urgents. « L’État doit agir vite avant qu’il ne soit trop tard », implore un habitant de Yaféra.
Détresse et Isolement
Les coupures d’électricité plongent les villages dans l’obscurité, aggravant la détresse des populations. La nuit, les sinistrés doivent affronter les eaux et l’obscurité, accentuant leur sentiment de désespoir. Le manque de coordination des secours est vivement critiqué. Sohané Barry, une habitante affectée, souligne la lenteur de la réaction gouvernementale : « Comment peut-on attendre trois jours avant d’agir alors que la situation empire ? ».
Une Situation Qui Perdure
À Aroundou, l’école sert de refuge, mais les salles de classe, elles-mêmes entourées par les eaux, menacent de s’effondrer. La montée des eaux n’a pas épargné la région de Matam, où les seuils hydrologiques restent critiques. Les populations déplacées attendent toujours des motopompes pour accélérer le pompage des eaux et une aide alimentaire plus conséquente.
Le président de la République est attendu sur place, alors que les populations se sentent oubliées. « Il est temps de déclarer cette zone comme sinistrée et d’agir en conséquence », clament les habitants, épuisés et désespérés face à une catastrophe qui dépasse leurs forces.