Les populations riveraines des fleuves vivent des moments de grande détresse. Après les inondations causées par le fleuve Sénégal à Bakel et dans les communes de Balou, Diawara, Aroundou et autres, c’est désormais au tour du fleuve Gambie de sortir de son lit, inondant plusieurs villages. Les localités de Koar et Saal sont particulièrement touchées, avec des habitations, une école et des plantations de bananes submergées par les eaux.
Le directeur de l’école de Koar décrit une situation critique : « L’établissement est totalement inondé, de la cour aux salles de classe. Même nos logements, situés à plus de 2 km du fleuve, sont sous les eaux. » Face à cette situation, les parents d’élèves ont été invités à garder leurs enfants chez eux pour des raisons de sécurité. Les enseignants ont également été appelés à quitter les logements menacés par les inondations.
La rupture du pont reliant Koar et Saal à Gouloumbou a accentué l’isolement des populations. Pour se déplacer, les habitants doivent désormais utiliser des pirogues, un moyen risqué dans de telles conditions. « J’ai vu des gens traverser avec leurs motos à bord de pirogues. Pour ma part, je préfère emprunter un détour à travers la brousse », confie le directeur de l’école, appelant ses collègues à la plus grande prudence.
Les inondations n’ont pas épargné les bananeraies locales. Un producteur témoigne : « Une telle crue n’avait pas été observée depuis 2003. Les champs, les maisons, l’école, tout est sous les eaux. Nous sommes épuisés et inquiets. » Les agriculteurs, désemparés, voient leurs efforts de plusieurs mois réduits à néant par la montée des eaux.
La situation est d’autant plus préoccupante que d’autres lâchers d’eau du barrage de Manantali sont envisagés. Les populations de la région attendent une intervention rapide de l’État, notamment à travers le déclenchement du Plan Orsec pour apporter une assistance d’urgence. En attendant, les sinistrés continuent de lutter stoïquement contre les intempéries, alors que le ciel reste menaçant.