
L’aide financière du Plan Diomaye pour la Casamance (PDC), destinée aux anciens déplacés du conflit, se heurte à un obstacle administratif dans le département de Goudomp. Plusieurs bénéficiaires des communes de Kaour et Djibanar n’ont pas pu retirer leurs chèques faute de pièces d’identification valides, retardant ainsi le versement de l’appui présidentiel.
Des chèques inaccessibles pour de nombreux déplacés
Lancé récemment, le programme d’aide financière du PDC vise à soutenir les déplacés revenus en Casamance après des décennies d’exil en Gambie et en Guinée-Bissau. Cependant, la distribution des chèques d’un montant de 150 000 francs CFA est compromise par l’absence de Carte nationale d’identité (CNI) valide chez plusieurs bénéficiaires.
Le maire de Djibanar, Ibou Diallo Sadio, souligne cette difficulté : « Impossible, pour l’heure, d’estimer le nombre exact de personnes concernées, car la distribution est encore en cours. » À Kaour, son homologue Youba Sonko précise que « dans les villages de Sinkère Diola et Diabang, 7 personnes sur 42 n’ont pas pu percevoir leur aide, certaines ne disposant pas de CNI ou possédant une ancienne version de la carte, tandis que d’autres sont absentes du territoire. »
Des solutions alternatives attendues
Les banques partenaires du programme appliquent des règles strictes d’identification, et les bénéficiaires sans CNI ne peuvent déléguer le retrait à un tiers, les autorités refusant la délivrance de procurations. Face à cette impasse, les élus locaux proposent des solutions. « Nous avons suggéré au sous-préfet d’autoriser un bénéficiaire sans CNI à désigner une personne de confiance ou d’accepter l’attestation du chef de village ou de l’imam comme preuve d’identité », explique Youba Sonko.
L’accès à l’état civil, un défi persistant
Ce problème de retrait de fonds met en lumière une difficulté plus large : l’accès à l’état civil pour les déplacés de retour au Sénégal. De nombreux réfugiés ayant fui la Casamance dans les années 1990 ont perdu leurs documents lors de l’incendie de leurs villages, rendant leur enregistrement administratif complexe.
« Le village de Sinkère Diola a été incendié en 1992, et ses habitants se sont réfugiés en Guinée-Bissau pendant près de 30 ans. Aujourd’hui, leurs enfants nés en exil ne disposent pas d’actes de naissance, ce qui complique leur intégration scolaire et sociale », explique le maire de Kaour. Il plaide pour des audiences foraines adaptées à cette situation : « Une discrimination positive s’impose. Le témoignage d’un chef de village devrait suffire à établir un acte de naissance, afin d’éviter frustrations et exclusions. »
Le Plan Diomaye pour la Casamance, qui concerne 666 bénéficiaires répartis entre Ziguinchor, Sédhiou et Kolda, vise à faciliter la réinstallation des déplacés. Mais sans solutions rapides aux obstacles administratifs, le retard dans le versement des aides risque de compliquer davantage leur intégration dans leur région d’origine.
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