Un rapport accablant sur la gestion des finances publiques
La Cour des Comptes du Sénégal a publié son rapport définitif sur la situation des finances publiques couvrant la période de 2019 au 31 mars 2024. Cet audit, réalisé conformément aux dispositions légales en matière de transparence financière, met en lumière des irrégularités majeures dans la gestion des ressources publiques.
Selon le document, plusieurs anomalies ont été relevées, notamment des rattachements irréguliers de recettes, une sous-estimation du déficit budgétaire réel, des opérations de trésorerie en dehors du cadre réglementaire, ainsi qu’une mauvaise gestion de la dette publique. Ces manquements pourraient avoir des conséquences significatives sur l’équilibre financier du pays.
Des recettes surestimées et des dépenses mal contrôlées
L’audit révèle que certaines recettes fiscales ont été rattachées irrégulièrement à des exercices antérieurs, faussant ainsi l’image de la situation budgétaire. En 2022 et 2023, cette manipulation comptable a réduit artificiellement le déficit budgétaire officiel de 0,46% et 0,27% du PIB respectivement.
En parallèle, la gestion des dépenses publiques soulève de nombreuses interrogations. La Cour des Comptes pointe des transferts massifs de fonds vers des services non personnalisés de l’État (SNPE), représentant plus de 2 562 milliards de FCFA sur la période étudiée. Ces services, souvent non soumis aux mêmes obligations de transparence, ont bénéficié de financements considérables sans contrôle rigoureux.
Une dette publique plus élevée que déclarée
Le rapport met également en évidence un endettement plus important que celui annoncé officiellement. En comparant les chiffres des différents services du ministère des Finances, la Cour a constaté des écarts importants dans les montants des emprunts et des remboursements, laissant craindre une sous-évaluation du stock de la dette nationale.
En outre, plusieurs opérations bancaires ont été exécutées en dehors du circuit budgétaire normal, notamment via des comptes de dépôt spécifiques. Par exemple, plus de 1 343 milliards de FCFA ont été décaissés via le compte « CAP/Gouvernement », une pratique jugée contraire aux principes de gestion rigoureuse des finances publiques.
Des engagements pour une meilleure transparence
Face à ces constats alarmants, le ministère des Finances s’est engagé à corriger ces dysfonctionnements en révisant ses procédures comptables et en renforçant le suivi des recettes et des dépenses. La Cour des Comptes recommande notamment une meilleure traçabilité des transferts financiers, une gestion plus rigoureuse de la dette publique et une plus grande transparence dans l’attribution des ressources aux entités publiques.
Alors que le Sénégal s’engage dans une nouvelle ère économique, ce rapport rappelle l’importance d’une gestion transparente et responsable des ressources publiques pour garantir un développement durable et inclusif.