Le Président Bassirou Diomaye Faye a mis fin hier aux fonctions de la présidente du Haut-conseil des collectivités territoriales, Aminata Mbengue Ndiaye, et de celles du président du Conseil économique, social et environnemental, Abdoulaye Daouda Diallo. Les deux pontes de Benno sont les victimes collatérales de ce bras de fer qui n’est plus feutré. Mais, il se fait dans la brutalité. Par un autre décret, il a également saisi l’Assemblée nationale pour l’ouverture, aujourd’hui, d’une session extraordinaire portant sur divers sujets, notamment la Dpg qui ne se fera pas techniquement si la date de la dissolution est maintenue au 12 septembre.
Par Ousmane SOW – Sonko l’a annoncé. Et Diomaye l’a fait quelques heures plus tard. Après le rejet par l’Assemblée nationale (par 83 voix contre 80) lundi dernier, d’un projet de loi visant à modifier la Constitution afin de pouvoir dissoudre le Conseil économique, social et environnemental (Cese) et le Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct), le Président Bassirou Diomaye Faye, par décrets en date du 4 septembre 2024, a mis fin aux fonctions de Aminata Mbengue Ndiaye et de Abdoulaye Daouda Diallo, respectivement présidente du Hcct et président du Cese, indique dans un communiqué, le ministre-Secrétaire général de la présidence de la République, Oumar Samba Ba. Pour rappel, lors d’une réunion à la Primature, le Premier ministre Ousmane Sonko avait annoncé que le Président Bassirou Diomaye Faye pourrait signer, ce mercredi (hier), un décret pour démettre Abdoulaye Daouda Diallo, à la tête du Cese, ainsi que Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Hcct. Alors, chose faite ! Mais pour l’instant, les deux institutions demeureront en place jusqu’à une éventuelle modification constitutionnelle, une démarche qui pourrait prendre du temps.
La motion de censure… censurée
Dans le bras de fer en cours contre le Pouvoir législatif, l’Exécutif a enchaîné les mesures de représailles pour neutraliser les manœuvres de Benno qui voulait déposer une motion de censure contre le gouvernement.
Et le chef de l’Etat a décidé de court-circuiter l’initiative parlementaire. Par le biais d’un autre décret rendu public hier, le président de la République a également saisi l’Assemblée nationale pour l’ouverture, aujourd’hui, d’une session extraordinaire.
En application de l’article 84 de la Constitution, informe le document, «l’ordre du jour de la session extraordinaire est fixé ainsi qu’il suit» : les députés vont «prioritairement» examiner un projet de loi de règlement pour la gestion 2022, un autre visant à autoriser le président de la République à ratifier la Convention de l’Union africaine sur la coopération transfrontalière adoptée à Malabo, le 27 juin, rapporte le document. Les parlementaires vont ensuite plancher sur un projet de loi consacré à la Commission nationale des droits de l’Homme (Cndh), avant de recevoir le Premier ministre pour sa Déclaration de politique générale.
Le chef de l’Etat a en même temps rappelé que cette session extraordinaire sera close à l’épuisement de l’ordre du jour. Il faut rappeler également que la convocation des députés en session extraordinaire par le Président Diomaye Faye a été faite alors que les membres du bureau de l’institution parlementaire organisaient une réunion dont l’ordre du jour n’était pas rendu public. En convoquant les députés, le Président Diomaye Faye tente-t-il de sauver son Premier ministre d’une motion de censure, annoncée par Abdou Mbow, président du Groupe parlementaire Benno bokk yaaakar (Bby) ? Rien n’est sûr. Mais dans un extrait d’une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, le chef du gouvernement a soutenu, en recevant des agents de la Primature, qu’il n’y aura pas de motion de censure.
Dans la même dynamique, Ousmane Sonko n’a pas manqué de promettre que le mandat des députés prendra fin le 12 septembre. Une allusion à une probable dissolution de l’Assemblée nationale.