Des acteurs de la chaîne de panification ont plaidé, lundi, pour l’incorporation des céréales locales, particulièrement le mil, dans la fabrication du pain.
Ils ont fait ce plaidoyer lors d’une visite initiée par la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (Fbns) à l’intention des professionnels des médias. Ce déplacement entre dans le cadre d’une série d’activités menées à l’intention d’institutions politiques, économiques et sociales en prélude à la Semaine du pain aux céréales prévue du 5 au 7 septembre au Cices.
La tournée a débuté dans une unité de transformation de céréales locales, dénommée «Lala-Faaral djigueen», qui produit de la farine boulangère et des céréales. «Le mil est désormais incorporé dans le pain, de même que le couscous, le maïs, le sorgho, le niébé, le moringa et la poudre d’arachide», a expliqué Lala Fall Diouf, présidente du réseau «Faral djiguen Sénégal».
La Semaine du pain est une occasion pour la Fnbs de promouvoir l’incorporation des céréales locales dans la production de pain.
«Je rêve de voir les populations consommer ce qu’on cultive chez nous et qu’on parvienne à avoir une autosuffisance alimentaire avec les produits de nos terroirs», a déclaré Mme Diouf, ajoutant qu’elle soutient «totalement» les boulangers dans cette initiative.
La deuxième étape de la visite a conduit les journalistes à Pikine, à l’Ecole de formation des élites de la boulangerie (Efebp) notamment. «Nous voulons former beaucoup de jeunes au métier de boulanger et nous souhaitons que l’Etat appuie la formation», a indiqué Amadou Gaye, Directeur général de l’Efebp et président de la Fédération des boulangers du Sénégal. Il a déclaré vouloir, avec ses collaborateurs, «changer la donne» en enseignant aux élèves boulangers comment incorporer les produits locaux comme le mil ou le maïs dans le pain.
«Au lieu de nous limiter à 15% d’incorporation des produits locaux dans la fabrication du pain, on peut aller jusqu’à 40%, même si dans le système prévu pour la consommation des populations on a décidé de nous limiter qu’à 20%», a fait savoir M. Gaye. Cette incorporation de produits locaux dans la fabrication du pain est une réalité adoptée depuis 2014 par Papa Diop, propriétaire d’une boulangerie à Thiès. Les pains et viennoiseries exposés dans sa vitrine sont faits à base de moringa, de fonio, de bouye (pain de singe), de maïs et de mil. Ce choix est motivé, selon lui, par une volonté de valoriser les produits du terroir qui, dit-il, sont «meilleurs pour la santé».
«Avant les indépendances, les Sénégalais ne consommaient pas les produits importés», a rappelé Pierre Ndiaye, Directeur général de «Mamelles Jaboot», une entreprise spécialisée dans la production de yaourt.
M. Ndiaye a accueilli les professionnels des médias dans son unité de transformation du mil en farine pour la dernière étape de la visite.
Il est l’un des plus grands fournisseurs de farine de mil destinée à la fabrication du pain. «Nous voulons que notre pays inculque le mil pour sa quête de la souveraineté alimentaire», a plaidé Pierre Ndiaye.
La semaine du pain aux céréales locales est organisée en partenariat avec l’initiative américaine «Feed the future au Sénégal», à travers le projet d’appui aux réformes et aux politiques agricoles. L’un des objectifs est de réduire la dépendance aux importations de blé, mais aussi soutenir l’économie locale en favorisant les chaînes de valeurs locales.
Aps