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Stade Léopold Sédar Senghor : colère et désarroi après le déguerpissement des travailleurs informels

Stade Léopold Sédar Senghor

Quelques jours après la remise officielle des clés du stade Léopold Sédar Senghor, une opération de déguerpissement d’envergure a été menée aux abords de l’infrastructure. Mécaniciens, vendeurs de pièces détachées, laveurs de voitures, charretiers et moniteurs d’auto-école ont été contraints de quitter les lieux, suscitant une vague d’indignation.

Cette initiative, inscrite dans le cadre du projet de rénovation du stade, a été mise en œuvre durant le week-end. Elle a entraîné le désarroi des nombreux travailleurs qui, pour la plupart, y étaient installés depuis plusieurs années. Leur quotidien a basculé entre incompréhension, colère et un profond sentiment d’abandon.

« Les moniteurs gagnaient jusqu’à 15 000 francs CFA par jour. Aujourd’hui, nous ne savons même pas où aller », confie, abattu, un moniteur d’auto-école. Un charretier, visiblement affecté, ajoute : « J’ai travaillé à la mairie avec FERA sans être payé pendant des mois. J’ai pris ma charrette pour subvenir à mes besoins, et voilà qu’on nous chasse. Nous sommes jeunes, nous voulons juste travailler et avons besoin du soutien de l’État. »

Alioune Tine, mécanicien présent sur le site depuis 15 ans, déplore la manière dont l’opération a été menée : « Ce n’est pas un garage, certes, mais nous n’avions pas d’alternative. J’ai formé beaucoup de jeunes ici. Aujourd’hui, les pères de famille sont réduits à boire du thé et jouer au Ludo. Les forces de l’ordre ont bouclé la zone. Nous sommes profondément déçus par le gouvernement. »

Malgré ces témoignages poignants, certains riverains saluent l’opération, évoquant des préoccupations liées à la sécurité. « Il y avait beaucoup de vols de batteries et de téléphones », fait remarquer un habitant du quartier.

Cette opération soulève une question de fond : comment concilier les impératifs de modernisation urbaine avec la réalité des travailleurs de l’économie informelle ? Ces derniers appellent à un dialogue ouvert avec les autorités, espérant un accompagnement et des solutions concrètes pour continuer à exercer leur métier dans la dignité.

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