Les choses sérieuses commencent pour Farba Ngom. Accompagné de ses avocats, le député dont l’immunité parlementaire a été levée, est allé, hier, récupérer sa convocation pour répondre après-demain au collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier. Les conseils du parlementaire ne partagent pas le choix du juge d’instruction de délivrer à leur client un mandat de comparution en lieu et place d’une convocation.
Après la levée de son immunité parlementaire, le 24 janvier dernier, le député Farba Ngom sera devant le collège des juges d’instruction du Pool judiciaire financier. Ce face-à-face du député avec ces juges aura lieu après-demain jeudi, à partir de 10 heures. D’ailleurs, accompagné de ses avocats, à savoir Mes Doudou Ndoye, Baboucar Cissé et Alassane Cissé, le député-maire d’Agnam est parti hier récupéré son mandat de comparution.
«Nous avons accompagné M. Ngom pour relever, c’est-à-dire prendre et recevoir un mandat de comparution envoyé à son intention par le juge d’instruction du Pool financier. Il doit répondre au juge dans quelques jours, normalement ce jeudi», a informé Me Doudou Ndoye après avoir reçu le document. La décision de prendre le document relève de l’initiative du député.
«Il est venu volontairement prendre la convocation. Il n’a pas attendu qu’elle soit déposée chez lui ou dans sa communauté. Dès qu’il a été informé, il s’est déplacé de son propre chef pour récupérer le document, qui lui a été notifié par le Commissaire Diouf», précise Me Baboucar Cissé. Ce dernier souligne que «cette attitude de collaboration aurait dû permettre au juge de lui adresser une simple convocation, évitant ainsi l’émission d’un mandat de comparution, une mesure généralement utilisée pour des personnes réticentes à se présenter devant la justice».
La défense de Farba Ngom s’insurge contre la procédure choisie par le Pool judiciaire financier. Les avocats du député ne comprennent pas pourquoi les juges ont opté pour un mandat de comparution à la place d’une simple convocation. Dans la mesure où, estiment-ils, Farba Ngom aurait répondu à une convocation classique. Donc, il n’était pas nécessaire d’accélérer la procédure de cette manière. D’où l’étonnement de Me Baboucar Cissé par rapport au choix procédural. «Il est quasiment inédit qu’une procédure débute directement par un mandat de comparution. D’ordinaire, un juge d’instruction envoie une convocation avant d’avoir recours à cette mesure plus stricte», déclare-t-il. Tout compte fait, Me Doudou Ndoye rassure que son client ira répondre. «Il ira répondre ce jeudi pour une comparution», a dit la robe noire. En plus du choix de la procédure enclenchée contre leur client, les avocats du député déplorent l’absence d’informations relatives aux faits reprochés à Farba Ngom. Sous ce rapport, Me Doudou Ndoye reste convaincu qu’«ils essayent de l’humilier depuis des mois. Cela fait quelque temps qu’on court, qu’on saute, qu’on parle de tout et de rien, et pourtant, personne ne sait pourquoi cet homme est livré au public. On ne sait toujours pas ce qu’on lui reproche. Cela n’a pas été écrit là où cela doit l’être, et nous ne l’avons pas vu comme nous devrions le voir. Est-ce vraiment normal, dans un pays démocratique, qu’un citoyen soit convoqué sans savoir précisément ce qui lui est reproché ?».
La demande de la levée de l’immunité parlementaire fait suite à une supposée affaire de blanchiment d’argent d’un montant de 125 milliards dans laquelle le nom du député est cité.
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