Comment financer la Vision Sénégal 2050 ? Lors du partage du Référentiel des politiques publiques, Diomaye et Sonko avaient annoncé qu’ils vont lever 18 mille 496, 83 milliards de francs Cfa sur le marché intérieur. Le chef de l’Etat compte aussi sur le soutien des Fonds souverains du Qatar et d’Abu Dhabi pour «nous accompagner dans l’agenda national de transformation, à savoir la Vison 20250».
Le monde arabe sera-t-il un laboratoire pour les autorités dans leur projet souverainiste ? Si la France, les Etats-Unis, le Canada, le Japon et aussi le Maroc constituaient l’arc diplomatique sénégalais, Me Abdoulaye Wade et Macky Sall l’avaient renforcé avec des pays du Moyen-Orient, la Chine et également la Turquie. Le Président Faye a décidé de renforcer cet axe en se tournant vers des têtes couronnées des pays arabes pour financer la Vision 2050. En marge du Sommet de l’Oci consacré aux guerres à Gaza et au Liban, il avait rencontré les autorités dirigeantes saoudiennes à Riyad pour lever les équivoques provoquées par l’annulation du contrat d’Acwa Power. Cette annulation avait passablement agacé le Prince héritier Ben Salman, mais les deux parties avaient réussi à dissiper les nuages pour repartir sur de nouvelles bases.
Plus d’un mois plus tard, Bassirou Diomaye est retourné dans le Golfe, notamment à Abu Dhabi, pour renforcer les «liens étroits qui unissent le Sénégal et les Emirats arabes unis» dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, du numérique, de l’éducation et de l’agriculture. «Cette rencontre ouvre de nouvelles perspectives pour des partenariats innovants et bénéfiques pour nos peuples», assure la Présidence dans un communiqué. «C’est avec un grand plaisir que j’ai été reçu par Son Altesse Sheikh Mohamed Bin Zayed Al Nahyan. Ensemble, nous avons réaffirmé notre volonté commune de renforcer les relations entre nos deux nations», salue, dans un post sur X, Bassirou Diomaye Faye, qui a insisté sur «l’importance d’établir des collaborations solides avec les Emirats arabes unis, un partenaire-clé au Moyen-Orient».
«Les fonds souverains dans les Emirats du Golfe sont des fonds très puissants»
Vendredi, après 48h aux Eau, le chef de l’Etat a rallié Doha pour participer à un forum international consacré aux enjeux globaux tels que le développement durable et la résilience économique. L’objectif est de convaincre les investisseurs et partenaires à l’international de venir investir au Sénégal, notamment dans le projet Sénégal Vision 20250. Interrogé par la Rts, il dit : «Il s’agit d’être présent sur la scène internationale et de faire enregistrer à tout le monde, de manière plus ou moins définitive, la nouvelle posture africaine consistant à défendre, avec la fermeté qu’il faut, la courtoisie diplomatique qui sied, l’aspiration des peuples africains à un peu plus de souveraineté dans un partenariat ouvert, dans le respect de nos normes sociales, de nos différences. L’occasion de ce forum était de permettre de rencontrer des partenaires pour nous accompagner dans l’agenda national de transformation, à savoir la Vision 2050. Sous ce rapport, nous avons fait des rencontres intéressantes qui ouvrent des perspectives qui peuvent très heureuses pour le Peuple sénégalais.» Il poursuit : «Un bilan satisfaisant de manière générale. Aux Emirats, nous avons rencontré beaucoup d’investisseurs potentiels. Les fonds souverains dans les Emirats du Golfe sont des fonds très puissants, qu’il s’agisse du Fonds d’Abu Dhabi ou du Fonds du Qatar, on peut véritablement compter sur eux, si on réussit à les convaincre de la pertinence d’investir au Sénégal, dans les secteurs stratégiques qui peuvent induire une véritable transformation systémique de notre économie. L’occasion nous a été d’ailleurs donnée de les inviter à participer au Forum Investir au Sénégal, et ils ont donné leur accord de principe. Ce sera l’occasion de présenter nos opportunités et les projets et programmes prioritaires inscrits dans la Vision Sénégal 2050.»
Pour le chef de l’Etat, c’est une manière assumée de chercher des financements additionnels dans les monarchies du Golfe pour réaliser la transformation systémique de l’économie sénégalaise, alimentée par une série de levées de fonds sur le marché régional et international. L’appui de ces partenaires peut être une véritable bouffée d’air pour le Sénégal dont la note souveraine a été dégradée à la suite des révélations du Premier ministre sur la falsification des comptes publics et le gel du nouveau décaissement du Fonds monétaire international.
Il faut savoir que le gouvernement estime ses besoins en financement, pour réaliser les objectifs de la Vision 2050 pour les 26 prochaines années, à 18 mille 496, 83 milliards de francs Cfa, qui devraient être levés exclusivement sur le marché national et régional. En détail, il est composé du financement public traditionnel, c’est-à-dire exclusivement pris en charge par l’Administration publique centrale, de 11 510 milliards de francs Cfa, de financement sous forme de Partenariat public-privé (Ppp) attendu à 4371 milliards de francs Cfa dont 1311 milliards, soit 30% de contrepartie de l’Etat et l’apport exclusif du secteur privé dans le cadre de projets structurants pour un montant de 2615, 8 milliards de francs Cfa. Au total, le programme d’investissement public est estimé à 12 821, 4 milliards de francs Cfa, tandis que la contribution totale du secteur privé est attendue à 5675, 38 milliards de francs Cfa. «Dès lors, la Stratégie nationale de développement (Snd) instaure une innovation dans la mesure où il n’y a plus de financement public à rechercher pour la prise en charge du plan quinquennal de développement», mentionne le document.
Pour la Stratégie quinquennale de développement 2025-2029, l’Etat avait décidé de ne pas se rendre au Groupe consultatif pour obtenir les financements. En plus des moyens de l’Etat, le secteur privé devrait combler le gap avec une priorité aux nationaux, ensuite les pays africains.
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