La suspension pour 90 jours de l’aide publique américaine, orchestrée par l’USAID, s’abat comme un coup de massue sur de nombreuses organisations de la société civile sénégalaise œuvrant dans les domaines de la gouvernance et de la démocratie.
Cette décision, initiée par l’administration Trump, a pris de court Abdoulaye Cissé, directeur exécutif d’Enda Ecopop, une ONG membre du réseau Enda Tiers-Monde. « C’est une surprise totale, d’autant plus que nos activités reposent en grande partie sur les financements de l’USAID », a-t-il confié à l’APS.
Dès son arrivée à la Maison-Blanche, le 20 janvier dernier, Donald Trump a ordonné un gel immédiat de cette aide pour trois mois, impactant des projets cruciaux à travers le monde. Au Sénégal, le Collectif des organisations de la société civile pour les élections (COSCE) a bénéficié du soutien de l’USAID via le National Democratic Institute (NDI), facilitant l’observation des trois dernières élections sénégalaises.
Cependant, Babacar Guèye, président du COSCE, relativise l’impact de cette suspension sur leurs activités. Leur programme financé par le NDI ayant pris fin le 31 janvier, l’organisation s’appuie désormais sur d’autres bailleurs, notamment l’Union européenne et la Grande-Bretagne.
Mais pour Moundiaye Cissé, directeur de l’ONG 3D, la situation est plus critique. Il alerte sur les conséquences majeures de cette décision sur leurs actions en santé, éducation, nutrition et gouvernance démocratique. « Nous avons plusieurs programmes qui risquent d’être paralysés », déplore-t-il.
Babacar Fall, du GRADEC, exprime sa solidarité envers les ONG touchées, rappelant que la gouvernance démocratique est essentielle au développement des sociétés africaines. Même son de cloche du côté d’Afrikajom Center, dirigé par Alioune Tine, qui insiste sur la nécessité pour les ONG de développer des stratégies d’autofinancement pour garantir leur indépendance.
Si certaines organisations peuvent compter sur d’autres sources de financement, pour d’autres, l’incertitude plane sur l’avenir de leurs activités. Cette suspension met en lumière la dépendance des ONG locales vis-à -vis des financements internationaux et pose la question cruciale de la durabilité de leurs actions.